mercredi 18 septembre 2013

Première journée à Sainte-Justine



Nous sommes arrivés à Sainte-Justine ce jour là sans trop savoir à quoi s’attendre. En premier lieu, nous avons rencontré l’équipe de spécialistes qui allaient accueillir les « nouveaux arrivants en GARE ». (GARE est l’abréviation de : grossesse à risque élevé) On nous a expliqué comment allait se dérouler notre journée et c’est aussi à ce moment que nous avons sût que ce qui avait été détecté à l’échographie était une « fente labio-palatine bilatérale ». Et donc mis à part le déroulement des choses, nous allions avoir ce matin là une nouvelle échographie et une série de questions sur notre génétique, à mon copain et à moi. Suivi d’un dîner de trois heures pendant lequel ils allaient se réunir afin d’évaluer notre situation. Ils auraient donc en après-midi, (on espérait) des réponses à nos questions.

À l’échographie, on nous a tout de suite mentionné que les points hyperéchogènes du cœur étaient encore présents mais ceux au niveau de l’intestin avaient disparus! Alors déjà une bonne nouvelle, ça concordait avec ce qu’on nous avait dit à ce sujet, que ça risquait de ce résorber de par soi-même. Ils trouvaient également que le poids du bébé était insuffisant, mais pour moi ce n’était pas un facteur inquiétant considérant que mon fils avait eu un poids inférieur à la normale jusqu’au dernier mois de grossesse! Et j’ai moi aussi été un petit bébé, alors je ne m’en faisais pas avec ce détail.

Nous sommes donc allé dîner le cœur un peu plus léger. Ce que nous savions jusqu’à maintenant ne semblais pas si inquiétant que ça. On n’en savait pas beaucoup sur les « FLP » mais on savait que ce n’était qu’un détail superficiel, qu’elle allait être opérée rapidement et que tout irait bien. Ça semblait tellement banal à côté de se faire annoncer que notre enfant aurait la trisomie par exemple. En tout cas, moi c’est ce qui ma aidé à rapidement accepter la nouvelle.

C’est lorsque nous sommes retourné en après-midi qu’ils ont commencé, de façon très détendu à déferler leurs bombes sur nous. Mais pour comprendre l’état d’esprit dans lequel j’était à ce moment là, il faut savoir que je ne comprenais pas encore la gravité de ce qui ce passait. Je me concentrais très fort sur ce qu’on me disait, à bien enregistrer toutes ces nouvelles informations médicales reçues comme un « bourrage de crâne » alors que je n’y connais, à la base, rien sur le sujet et que je suis impliquée émotivement. L’ampleur, ainsi que le choc émotionnel de la situation ne m’a pas frappé avant le soir, alors que j’assimilais encore dans ma tête tout ce qu’on venait de me dire.

En gros, la généticienne nous à expliqué que la fente labio-palatine est une malformation chromosomique qui généralement s’avère être un syndrome isolé. Que toutes les autres anomalies détectées lors de l’échographie, si elles étaient isolées, n’étaient généralement pas inquiétantes. Par contre, avec le problème de la fente, chacune des anomalies venaient doubler les chances que ma fille puisse avoir un problème beaucoup plus grave qu’une simple fente, comme une trisomie! Ayant passé le test de dépistage, je savais que j’avais « 1 chance sur 3 400 » que mon enfant puisse en être atteint, je tombais maintenant à « 1 chance sur 400 »!

Elle nous a donc suggéré l’amniocentèse. Seulement j’ai toujours été contre le fait de passé ce test considérant que, même si le taux est très faible, il y a tout de même 0,5% de chance que ça provoque l’accouchement et à ce stade de la grossesse, le bébé n’a aucune chance de survie! En plus, ce qu’on nous a expliqué c’est qu’il y a une centaine de possibilités de problèmes et qu’à l’amniocentèse, ils ne test que le plus probable. Donc si c’est négatif, il peut quand même y avoir autre chose, mais si c’est positif, ça n’est qu’un pourcentage! (Exemple : oui à 100%, votre enfant à 80% de chances d’être trisomique!) Alors malgré tout, ils ne peuvent être sûr de rien avant que le bébé soit né, tout ce qui est sûr, c’est des pourcentages!

C’est alors qu’elle nous a expliqué qu’il fallait savoir rapidement car si le résultat de l’amniocentèse était grave, ils allaient nous suggérés une interruption de grossesse!
« Une quoi!? Pardon, pouvez-vous répéter!? » Et boom! Voilà la bombe! Une interruption de grossesse! Qu’est-ce qui peut être assez grave qui nécessiterait d’imposer à une maman de prendre une telle décision! Comment peut-on faire  le choix nous-même de mettre un terme à cette vie qui pousse en nous!? Car pour moi ce n’est pas un fœtus, c’est mon bébé! J’ai entendu son cœur battre, je l’ai vu et senti bouger. Elle est bien là et je l’aime déjà! Et alors j’allais devoir prendre une telle décision basée sur des statistiques!!!  Mais bien sûr c’est ma façon de percevoir les choses, ce n’est pas tout le monde qui va percevoir cette situation, ni même y réagir, de la même façon…

Comme je n’était vraiment pas emballer à l’idée de passer l’amniocentèse, la généticienne nous a suggéré de revenir passé d’autres tests deux semaines plus tard. Toutefois, ils feraient des prélèvements pour « caryotypes » le jour même, ce sont des prises de sang qui allaient établir nos profils génétiques. Ce qui allait permettre d’avoir une meilleure piste sur ce qu’ils vérifieraient si on décidait après tout de passer l’amniocentèse à notre retour. Déjà, deux semaines plus tard nous aurions nos résultats génétiques, on passerait une échographie cardiaque pour des résultats plus poussés sur l’état du cœur et on pourrait également constater si elle avait pris du poids.

Par contre, ça voulait donc dire qu’on allait devoir passé deux semaines d’angoisses sans pareils, toujours sans savoir vraiment. Est-ce qu’elle avait quelque chose d’autre de grave? Si oui, qu’avait-t-elle? Et la question la plus difficile ; est-ce que j’allais avoir ma fille en bout de ligne!? À ce point là, si tout ce qu’elle avait était sa fente, selon la façon dont les médecins en parlaient, ça relèverait d’un miracle! Et j’ai commencé à me dire ; « Peut importe sa maladie, j’accepterai n’importe quoi, pourvu qu’elle vive! » Je me sentais si désespérée, j’appréhendais le pire. Je n’ai jamais été aussi inquiète de toute ma vie. J’avais juste envie de la prendre dans mes bras afin de lui dire que tout irait bien, mais bien sûr, je ne pouvais pas…

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